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For Baudelaire, the barbarian is a figure of predilection. At first, it is a literary character that he got acquainted with through the works of Chateaubriand and E. A. Poe. The barbarian is linked to poetry as well; he brings to mind the condition of the exiled, the solitary figure far away from his homeland (such as in Delacroix's Ovid among the Scythians). But, most of all, the barbarian gives the opportunity to Baudelaire to refine his idea of Beauty: at the 1855 Universal Exhibition, he confronts himself for the first time to Chinese art – labelled "barbarian art" back then. Far from agreeing with this description, Baudelaire refutes it and forces himself to shift his critical perspective: his challenge will be to adapt himself, accommodate his taste and become "as barbarian" as the works he beholds in order to appreciate one of these "specimen of universal beauty". This reflexion shall continue in his essay, 'The Painter of Modern Life' (1863), in which he describes Constantin Guys' way of drawing as being moved by an "inevitable barbarousness". In this article, our aim will be to trace the evolution of Baudelaire's conception and different uses of the term "barbarian" through his aesthetical, poetical and literary writings.
L’oeuvre poétique de l’écrivain juif de langue allemande Paul Celan (1920-1970) jouit aujourd’hui d’une renommée internationale et d’une considération quasi unanime, qui sont peu habituelles pour un poète contemporain. Rares sont en effet les écrivains dont on est à ce point sûr, dès leur vivant, que leur oeuvre va rester une référence essentielle pour la postérité. Classique « pré-posthume », Paul Celan n’a pas connu le purgatoire littéraire après sa disparition ; presque immédiatement il a été accueilli dans le panthéon de la poésie universelle, où il côtoie des figures telles que Hölderlin, Rilke, Mallarmé, Rimbaud, Shelley, Pessoa. À l’heure actuelle, les articles, livres et colloques qui lui sont consacrés de par le monde entier ne se comptent plus. En même temps, on a pu assister à la création d’un mythe Paul Celan, notion qu’on n’entendra pas dans le sens d’une non-vérité, mais comme la représentation puissante, surdéterminée autant que simplifiée, d’une réalité autrement plus complexe. Comme chaque mythe, celui de Celan comporte plusieurs variantes, pour lesquelles il est néanmoins aisé de trouver un dénominateur commun. Depuis sa mort, Paul Celan a été peu à peu subsumé sous l’image du poète de la Shoah, dans un sens historique, mais aussi philosophique, voire religieux. De la sorte, son oeuvre est aujourd’hui considérée à la fois comme un mémorial pour les six millions de Juifs morts dans les camps nazis, et comme l’entreprise, contre le verdict d’Adorno, de faire renaître des cendres de notre civilisation occidentale la parole poétique et sa vérité. L’investissement passionnel que certains lecteurs de Paul Celan ont pu manifester est à la mesure du rang qui lui a été assigné ; et le conflit des interprétations qui existe au sujet de son oeuvre, reflète dans une large mesure les discussions, controverses et polémiques sur le génocide des Juifs d’Europe et sur la période de la Seconde Guerre mondiale.
L'hypothèse de ce travail est que [...] écrivains vont trouver, dans le Berlin d'après la chute du Mur, une incarnation des paradoxes du XXe siècle, et présenter cette capitale comme la ville de la "postmodernité" qu'ils pourront tour à tour haïr ou aimer, comme le rappelle le titre du texte de Serge Mouraret 'Berlin carnet d'amour et de haine'.
Il conviendra donc d'analyser les représentations de Berlin afin de mettre au jour la mythologie insulaire qu'elles ont façonnée. Le motif de l'île a l'avantage de concentrer une dimension mythique, des caractéristiques formelles et une symbolique forte. Nous tenterons de répondre à la question suivante: pourquoi, bien que Berlin réunifiée ne puisse plus, depuis la chute du Mur, être à proprement parler qualifiée d'île, ce motif persiste t-il comme clef de lecture de la ville?
The barbarian is a construct of the Other which can be distinguished from the "savage" through a certain degree of social organization and from the monstrous through its more realistic-historic outlook. Still, these categories are fuzzy and fantastic fiction – understood in a broad sense – makes new use of the barbarian people motif in a manner which makes the ideological undertones more visible despite an increased freedom from historical references. The " mob" (das Gesindel) getting out of the forests to devastate the civilized order, in 'Auf den Marmorklippen', embodies abjection in its clearest form, a violent return of the dark violent repressed. On the contrary, in the cycle of 'Dune, the Fremens' are 'barbarian' only in the eyes of the corrupt totalitarian elite of the Imperium. Despite their rough way of life, they represent a cultural order much closer to ecological harmony, which constitutes a major theme in Frank Herbert's saga. Borges' perspective, in 'The Story of the Warrior and the Female Prisoner', is not so much ethical/political as it is philosophical : the mutual fascination between the 'civilized' and the 'barbarians' is tantamount to magnetic opposites, border-crossing and meaningful otherness. These three visions of the 'barbarian' can be distinguished not only through their ideological underpinnings, but also through their narrative techniques.
Dans un carton des archives saint-simoniennes, qui plus est consacré au "dogme", figure le manuscrit d'un compte rendu de l'essai publié en 1834, à Leipzig, par Moritz Veit, sous le titre ainsi traduit: "Saint-Simon et le saint-simonisme. Alliance générale des peuples et paix èternelle." Bien avant la prétendue révélation faite par Leroux en 1842, c'est là, sauf erreur, la toute premiëre trace en français d'une rumeur accréditée en Allemagne par Carové dès 1831. Quelles que soient l'origine et la destination de ce curieux texte (il y a lieu de le croire traduit de l'allemand ou rédigé par un Allemand de Paris), sa présence atteste que les intéressés n'ignorërent pas les soupçons d'allogénéité suscités en
France et en Allemagne par l'étrangeté de leur doctrine. L'auteur, en effet, s'appuie sur la présentation hégélianisante du saint-simonisme par Veit pour trouver confirmation de sa propre intuition, formée, dit-il, bien antérieurement, que la "clé" de toutes ces bizarreries idéologiques françaises serait "une ressemblance décidée avec la philosophie de Hegel".
When Gorki wrote his play "The Barbarians" (1906), he probably did not intend to raise such an intricate problem as the relationship between the barbarian, the savage and the civilized. Neither did he envisage talking about this triadic relation in reference to its political, historical and philosophical meaning. He proceeded as a writer and managed to construct a peculiar literary figure of the "barbarian" in its multiple aspects, and as related to other figures, such as the savage, in the first place. In this paper I argue that Gorki's intrinsically literary venture consisted in trying to make collide two categories that never normally enter in a dual relationship, but are always mediated by the category of the "civilized". The objective of this paper is to examine the consequences of this forced dualism, which without imposing any idea of civilization, however, ends up by setting it as a problem for further meditation and, without giving any solution, invites the reader to pursue his reflection.
Une atmosphère toute de silence et d'éclat, de frisson et de plus haute tension, telle est l'oeuvre de Rainer Maria Rilke. Il n'est pas vain de noter que, dans son expression, elle recourt à une double voix, de préciser le sens d'un écart à l'intérieur d'une oeuvre grande et douloureuse dans sa construction, de montrer la nécessité de ce qui est pour finir mieux qu'un écart ; pour cela, il faut aussi, chemin faisant, embrasser la destinée poétique de Rilke dans sa globalité. Ce qu'il importe alors de considérer, c'est à la fois cette étrangeté et ce paradoxe que sont les poèmes français de Rilke. De temps en temps, à intervalles réguliers, tel ou tel esprit revient sur cette question, tourne autour d'elle, évoquant l'un de ses aspects, parfois plusieurs, sans jamais pouvoir totalement se soustraire à l'énigme qui se déploie dans la modestie d'une apparente récréation. Avec sa rectitude et son sens de la pondération nuancée, Philippe Jaccottet s'est approché mieux que tout autre du foyer de cette question, ce n'en est pas moins resté pour lui comme pour tous une réflexion ouverte et ce n'est pas moi qui mettrai un point final à ce mystère qui ne demande qu'à se prolonger comme tel et doit simplement être aperçu pour briller dans la lumière qui lui est due.