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Histoire et contes des Mossi
(1986)
The Frankfurt School has often been associated to the project of “marrying” Freud’s psychoanalysis with a Marxian critique of capitalist societies. This article offers however another version of the link between Critical Theory and psychoanalysis. After having briefly sketched the notion of a “critical theory of society”, the Author shows how a critique of modern capitalist societies and Freudian psychoanalysis actually meet at a “methodological” level for which the marriage between Hegel and Freud seems to be the relevant one. As a conclusion, the Author contrasts two kinds of social critique that can be found in the Frankfurt School, which are deeply linked with the first and the latest generation of the Frankfurt School considered in their relation to
psychoanalysis.
The paper discusses the problem of the possible relation between psychoanalytic concepts and social critique in the perspective of Adorno's social thought. The title refers to Adorno's idea that psyche as individual spontaneity has now lost the weight it used to have in the liberal era. As a brief introductory remark, I clarify the status of theory for Adorno, i.e., the circularity between interpretation and description as grounded by the nature of the social object itself. Then I analyse his core idea of “social objectivity” as an impersonal mechanism which is at the same time produced by men and reified, heteronomous for them, and I argue that, for Adorno, the discontinuity existing between individual and society prevents an immediate shift of psychoanalytic concepts to the social world: the example of fascism clearly proves that the determining social forces today, while instrumentally exploiting deep psychical materials, are not themselves psychological. In the final part, I show how, for Adorno, psychology and sociology nevertheless need to be mediated with each other, while avoiding the superficial synthesis the so-called “revised psychoanalysis” aims to, and I point out some similarities between psychoanalytic practice and social critique as conceived by him.
Les trois auteurs et voyageurs étudiés dans cet article (Albert Londres, André Gide, Michel Leiris) ont prêté leurs voix à l’anticolonialisme. Ils ont critiqué les effets du colonialisme européen en Afrique noire de la fin des années 1920 au début des années 1930. Toutefois, pour des raisons diverses allant d’aspects institutionnels aux sensibilités personnelles, leur engagement ne paraissait pas tout à fait le bienvenu, d’où leur hésitation à placer la parole politique au premier plan et à assumer le rôle d’intellectuel engagé. Ils ont alors justifié leur démarche par l’expérience personnelle et singulière du voyage et par l’urgence du sujet de leurs récits. Les formes littéraires qui en résultent (grand reportage, journal intime de voyage, journal ethnographique) ont profondément modernisé le genre du récit de voyage dans un moment critique de son évolution.
Arachnides 96.2020
(2020)
Arachnides 95.2020
(2020)
Les Loranthaceae posent un problème majeur à l’amélioration et à la pérennisation de la production fruitière du karité (Vitellaria paradoxa C. F. Gaertn) en Afrique de l’Ouest. Cet´article présente les resultats des investigations faites en vue d’identifier des méthodes de contrôle des parasites. Deux types d’essais ’’au champ’’ ont été effectués et ont donné des résultats prometteurs: la destruction mécanique et les traitements par herbicides. Additionellement ont été identifiées des variétés résistantes et quelques possibilités de la lutte biologique.
Mon intention première était de comprendre la façon dont la République romaine avait sombré. Mais lorsque j’ai examiné dans ce but les explications les plus sérieuses qui avaient déjà été avancées, sa faillite m’a toutefois paru moins étonnante que sa très longue existence. Au point que, progressivement, une deuxième question a pris le pas sur la première, celle de savoir comment cette chose commune [Gemeinwesen], cette res publica amissa avait pu fonctionner si longtemps. Je me suis donc concentré sur sa structure. ...
L’ouvrage »Allemagne et Italie. Regards croisés sur l’historiographie« est issu de la Studienwoche organisée en 2017 par l’Istituto storico italo-germanico de Trente (ISIG)1. Ce séminaire récurrent affronte chaque année une thématique différente (en 2019, celle des migrations), dont, de manière régulière, celle des échanges historiographiques entre aires germanophone et italophone. La publication reprend l’axe qui était celui de la rencontre: s’interroger sur la force persistante du paradigme national dans ces échanges, en dépit d’une réelle tendance à l’internationalisation des travaux, et sur les moyens éventuels de se défaire de la force du national, jugée limitative. ...
Arachnides 94.2020
(2020)
Arachnides 93.2020
(2020)
Arachnides 92.2020
(2020)
Arachnides 91.2019
(2019)
Raoul Sage
(2010)
Cet ouvrage issu de la thèse de doctorat de Michaela Stark se présente avant tout comme un outil utile pour qui s’intéresse à l’iconographie des dieux et particulièrement des enfances divines. En se limitant aux périodes archaïque et classique, l’auteure a ainsi établi un riche corpus de près de deux cents cinquante-cinq représentations iconographiques de mythes grecs dans lesquels des dieux et des héros sont figurés en enfants. Publié entre la conclusion et la bibliographie sous la forme de notices détaillées, ce catalogue constitue presque un tiers de l’ouvrage avec près d’une centaine de pages et présente toute l’ampleur du travail fourni par Michaela Stark. Chaque représentation étudiée y est décrite de manière précise et accompagnée d’une bibliographie conséquente. Même si l’on peut s’étonner que l’auteure n’ait pas intégré à son étude l’iconographie d’Érichthonios ou de Persée enfant en choisissant de se limiter pour les enfances héroïques à Achille et Héraclès, ce catalogue offre néanmoins au lecteur un panorama relativement complet des représentations d’enfances mythologiques. Le reste de l’ouvrage divisé en quatre chapitres propose une étude typologique et analytique du corpus ainsi réuni. ...
Heinrich Kalteisen
(2014)
L’arrêt Lüth – 50 ans après
(2019)
Même 50 ans plus tard, l’arrêt Lüth, rendu par la Cour constitutionnelle fédérale le 15 janvier 1958, n’a rien perdu de son actualité. Il confère durablement à la liberté d’expression un rang primordial pour le débat public démocratique et marque le point de départ du développement d’une dogmatique des droits fondamentaux spécifiquement allemande, à l’origine d’un renforcement des compétences et de la puissance particulières de la Cour constitutionnelle fédérale. Les raisons qui expliquent l’approche particulière de résolution de conflits entre droits suivie dans l’arrêt Lüth ne laissent pas présager un abandon de cette jurisprudence, abandon qui ne serait d’ailleurs ni souhaitable ni réaliste.
Le constitutionnalisme est un phénomène relativement récent dans l’histoire des institutions politiques. Il a émergé au cours des vingt-cinq dernières années du XVIIIe siècle, à la suite de deux révolutions menées avec succès contre le pouvoir en place, la première dans les colonies anglaises d’Amérique du Nord, la seconde en France. Immédiatement perçu comme une avancée majeure, le constitutionnalisme n’a pas tardé à exercer également son pouvoir d’attraction en dehors des pays où il est apparu. Partout en Europe, et ensuite dans d’autres parties du monde, des tentatives pour mettre en place des constitutions modernes virent le jour. Tout le XIXe siècle fut traversé par les luttes pour une constitution, et le XXe siècle fut une période de sérieux revers, avant qu’au tournant du XXIe siècle, le constitutionnalisme ne finisse par accéder à une reconnaissance mondiale. De nos jours, seule une poignée d’États, parmi les quelque deux cents que compte le monde, ne possède pas de constitution. ...
Cette étude avait pour objectifs: 1) d’identifier et de caractériser les acteurs impliqués dans la filière des produits à usage médicinal tirés de Cordyla pinnata, Detarium microcarpum et Detarium senegalense au Sénégal; 2) d’analyser l’organisation de cette filière et l’importance des parties utilisées; 3) d’analyser la commercialisation de ces produits; 4) d’identifier les forces, faiblesses, opportunités et menaces de la filière. L’échantillonnage en boule de neige a été utilisé et a permis d’interroger, à l’aide de guides d’entretien 13 tradipraticiens locaux, 3 récolteurs et 17 herboristes. Les résultats ont révélé que les acteurs de cette filière, majoritairement des hommes, entretenaient des relations de coopération et qu’ils béné- ficiaient de l’appui de la société civile en termes de formation et d’organisation. Les racines et les écorces de Cordyla pinnata et Detarium microcarpum étaient plus utilisées tandis que celles de Detarium senegalense étaient peu commercialisées. Les écorces, les racines et les feuilles étaient vendues entre 0,108 et 0,290 Euro/100g. Une partie des écorces était transformée en poudre avant d’être commercialisée chez les herboristes entre 1,046 Euro/100g (pour Cordyla pinnata) et 1,524 Euro/100g (Detarium microcarpum). Les prix étaient plus élevés à Dakar. Les parties tirées de Cordyla pinnata étaient essentiellement utilisés contre les parasitoses intestinales tandis que celles de Detarium microcarpum et dans une moindre mesure celles de Detarium senegalense servaient à soigner les dermatoses. Les faiblesses de cette filière concernaient essentiellement l’exploitation anarchique de la ressource et la raréfaction saisonnière de certains produits tandis que l’éloignement des sites d’approvisionnement menaçait son bon fonctionnement.
Au Burkina Faso, les unités d’aménagements forestiers (UAFs) sont confrontées à une forte pression anthropique qui cause la dégradation des ressources ligneuses dont Vitellaria paradoxa est l’une des espèces surexploitées. Afin de con- tribuer à la gestion durable de ces UAFs, il s’avère nécessaire d’analyser l’impact des pressions anthropiques sur la phytodi- versité et la dynamique de Vitellaria paradoxa. Ainsi, des facteurs tels que l’agriculture, la coupe illégale de bois, le pâturage et les feux non autorisé ont été évalués dans l’UAF 2, l’UAF B et l’UAF C, où des inventaires forestiers ont été conduits. Les résultats montrent que le pâturage et les feux non autorisé ont été les facteurs les plus fréquents dans les UAFs, sur- tout dans l’UAF C (> 90%) alors que les autres facteurs ont été plus abondants dans l’UAF 2. La phytodiversité mesu- rée est presque similaire dans les trois UAFs avec toutefois des indices de diversité plus élevés dans l’UAF 2. La struc- ture de Vitellaria paradoxa montre une prédominance d’individus jeunes dans les UAFs et des densités plus élevées dans l’UAF C tandis que sa régénération est plus importante dans l’UAF 2. L’état sanitaire de l’espèce est globalement satis- faisant bien que la principale menace soit l’infestation des Loranthaceae qui a été plus importante dans l’UAF 2 (7%). L’exploitation durable des UAFs nécessite la mise en œuvre d’un programme de conservation avec une forte implication des populations riveraines.
Un Jésus postmoderne
(2018)
[Rezension zu:] Thibault, Bruno: Un Jésus postmoderne. Les récritures romanesques contemporaines des Evangiles. - Leiden-Boston: Brill Rodopi 2017 - (Chiasma ; 37)
[Rezension zu:] Ette, Ottmar: WeltFraktale - Wege durch die Literaturen der Welt. - Stuttgart: J.B. Metzler Verlag 2017.
[Rezension zu:] Pillet, Fabien: Vers une esthétique interculturelle de la réception. - Heidelberg: Universitätsverlag Winter 2016.
An important motif of twentieth century fantastic literature is the exploration of a house or a room whose furniture and spatial organization are disconcerting. Such a motif is presumably symptomatic of a deep questioning on space structure understood according to Euclides and Newton ; it also echoes the anthropological crisis of the very notion of "place", a crisis mirrored in literature, visual arts and cinema, which can be deciphered in particular descriptive passages signaling the aporetic turn of narrative in fictions by J.-L. Borgès and André Pieyre de Mandiargues.
Zahlreiche europäische Denker der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts haben ihre Zeit als eine charakterisiert, in der eine Krise des Wohnens durchgemacht wird: Es hat den Anschein, als sei das Vermögen des Menschen, seinen Wohnraum als Ort der Verwurzelung, der Gastfreundschaft und der Geborgenheit zu empfinden, in Mitleidenschaft gezogen. Eine ganz besondere Brisanz erlangt diese Beobachtung im sowjetischen Kontext, denn, abgesehen davon, dass sie sich gleichsam als westliche Sicht auf eine Veränderung von Mentalitäten durch Industrialisierung und Urbanisierung bezieht, ist sie zusätzlich mit der Erfahrung eines akuten Mangels an Wohnraum belastet (vgl. die Gemeinschaftswohnungen). Da es sich so verhält, wie der Kritiker Henri Mitterrand feststellt, dass der Roman seit Balzac den Raum "narrativisiert" und ihm eine zentrale semantische Dimension zuerkennt, soll uns ein Vergleich der Beschreibungen der Innenräume in Balzacs "La Recherche de l'Absolu" (1834) und Bulgakovs "Der Meister und Margarita" ("Мастер и Маргарита", 1927-1940) ermöglichen, besser zu verstehen, wie diese Krise des Wohnens ihren Ausdruck in der Literatur findet. Diese kontrastive Analyse erlaubt anschliessend auch zur Feststellung zu gelangen, dass die Literaturen den Weg für alternative Weisen des Wohnens aufzeigen, für die die Sprachen noch keine festen Begriffe haben, und zu deren Bezeichnung man daher gegenwärtig auf Neologismen, wie den der von Ottmar Ette geprägten "Konvivenz", zurückgreifen muss.
Wie kein anderes Werk haben die "Kinder- und Hausmärchen, gesammelt durch die Brüder Grimm" unsere Vorstellung vom Märchenerzählen geprägt: was die Erzählinstanz als auch den Raum anbelangt, wo eine solche Märchennarration stattfindet. Wie die aktuellen Forschungsergebnisse zeigen, entspricht dieses Bild nicht der Realität, sondern einer fiktiven Konstruktion und kann mit dem vom Maingueneau vorgeschlagenen Konzept der "Szenographie" angegangen werden, einer fiktiven Sprechbühne, die sowohl eine zeitliche ("Chronographie") als auch eine räumliche ("Topographie") Komponente beinhaltet. Der vorliegende Beitrag fokussiert auf die Topographie der Märchen-Sammlung, wie sie von den Grimms im paratextuellen Abschnitt der "Zeugnisse" konzipiert wird, wo die Brüder andere Autoren zitieren. Durch eine vertiefte Analyse wird aufgezeigt, wie sehr die Vorgehensweise der Grimms als Manipulation betrachtet werden kann, um ihre Topographie der Märchennarration zu gestalten.
Partant des conditions de mise en place de l’une des dernières commissions d’historiens bilatérales en date – à savoir la commission germano-italienne en 2008 – et du constat de la nature à la fois ambigüe et excessive des attentes formulées à son encontre, cet ouvrage collectif dirigé par deux historiens du temps présent (l’Allemand Christoph Cornelißen et l’Italien Paolo Pezzino) place au cœur de la réflexion la figure de l’historien confronté à une demande d’expertise croissante dans le contexte de l’après guerre froide. Il examine les usages pratiques (voire politiques) des savoirs académiques historiques et leurs effets sur les standards de production de ces savoirs assurant la légitimité professionnelle et sociale des historiens. ...
Über Hugo einiges. Seine fast unverständliche Neigung zu literar. Aneignungen: Bassompierre in der Zeit, s.Z. eine Schlachtenerzählung in der N. Fr. Pr. (Uhl sagte damals im Schachclub: Ich habe fast wörtlich dasselbe vor kurzem gelesen und weiss nicht mehr wo. Hugo fand es auch merkwürdig, gestand aber nichts zu). Dann s.Z. als ich ihm den Stoff zur Beatrice erzählte: "Das Stück werd ich auch schreiben" (drum machte ich mich so eilig dran). - Vor 10 Jahren schrieb Gustav eine Bauernstückparodie, Hugo steuerte 2 Gstanzln und 1 Satz bei, sprach dann immer von "unserm Stück", fragte einige Mal nach "unserm Honorar" und nahm, als ihm Gustav von dem erhaltnen Feuilletonhonorar zehn Gulden überschickte (ein Drittel) das Geld an. - [...] Es fuhr mir übrigens auch durch den Sinn, dass irgend ein andrer durch die eine Bassompierre Sache beinahe ruinirt gewesen wäre.
Dans cette note de son journal, datee du 12 decembre 1902, Arthur Schnitzler parle de Hofmannsthal comme d'un plagiaire ou d'un faussaire. Mais il ne dit pas quelle aurait ete la source de la "Schlachtenerzählung" (il s'agit de la "Reitergeschichte"). C'est le texte "Erlebnis des Marschalls von Bassompierre", publie dans "Die Zeit" de novembre et decembre 1900, qui avait expose Hofmannsthal a l'incrimination publique de plagiat. Le "Deutsches Volksblatt" (Journal viennois "national allemand", antisemite et antimoderne), sous la plume de Vergani, avait attaque Hofmannsthal, l'accusant d'avoir publie une contrefacon de Goethe.
Concepts historiques du capitalisme industriel avancé : « capitalisme organisé » et « corporatisme »
(2018)
Les économistes comme les spécialistes de sciences sociales semblent largement s’accorder sur le fait que le capitalisme industriel est entré à un moment donné dans une phase avancée de son développement, tout particulièrement dans ses variantes que l’on observe en Europe de l’Ouest, en Amérique du Nord et au Japon. Que le capitalisme se situe encore à cette étape, ou qu’il l’ait entre-temps déjà dépassée et laissée à nouveau derrière lui, il se différencie à tout le moins de la phase antérieure (ou bien des phases antérieures), à laquelle on peut rattacher le début d’une première industrialisation et l’avènement de l’industrialisation massive (Hochindustrialisierung). ...
Introduction
(2010)
La présente anthologie est née d’une discussion qui a été soulevée en 2008/2009 au Centre Allemand d’Histoire de l’Art à Paris. Le Centre établit son programme de bourses, ainsi que celui des conférences et colloques qui ont lieu parallèlement, en fonction d’un thème annuel. Mené par Danièle Cohn et moi-même, le projet de cette année visait à étudier les rapports entre histoire de l’art et histoire de la philosophie, tout en interrogeant, autant d’un point de vue historique que de celui de la pratique contemporaine, les lignes de démarcations ainsi que les synergies qui s’opèrent entre ces deux champs disciplinaires. Lors des « ateliers de lecture » dirigés par la coordinatrice scientifique du thème annuel, Tania Vladova, les étudiants boursiers, francophones et germanophones issus des deux disciplines, ont procédé à la lecture et à l’interprétation de textes qui ont trait à cette thématique centrale. Ils ont ainsi pu élaborer les bases d’une discussion commune, la richesse des expériences qu’ils ont faites dans ce cercle de lecture ayant stimulé la réflexion. C’est ainsi qu’a germé l’idée d’une publication rassemblant des essais écrits durant une phase de discussions décisive et respectivement traduits dans « l’autre langue ». Ces essais revêtent une importance majeure au vu de la problématique traitée, d’autant que celle-ci a durablement marqué la recherche scientifique allemande, aussi bien que la recherche française. ...
Depuis sa naissance, notre science est restée fidèle dans son évolution à une idée, celle qui veut que la jouissance et la création esthétiques, la beauté et l’art soient indissociables. L’objet de cette science peut présenter des formes diverses, mais il est homogène. L’art est considéré comme la représentation du beau réalisée à partir d’un état esthétique et perçue à travers une attitude comparable ; la science de ces deux états psychiques ainsi que du beau, avec ses modifications, et de l’art avec ses genres, le tout constituant une entité unique, porte un seul nom, celui d’esthétique. ...
L’esthétique a grandi dans les bras maternels de la philosophie. Mais la philosophie a toujours le droit de se porter vers l’esthétique sans perdre pour autant de son essence : le philosophe se tournant de tous les côtés pour trouver la signification et le fondement de ce qui est donné n’a pas besoin de détourner son regard des faits esthétiques. S’il veut appréhender en toute rigueur conceptuelle ce qui est et se manifeste en tant que beau, laid, sublime, etc., il doit pouvoir rapporter des constats empiriques (comme par exemple le caractère satisfaisant de certains couples de couleurs) à un concept plus général (par exemple celui d’harmonie), et rapporter ce dernier à son tour à une attitude intellectuelle plus large (disons, celle de la pure contemplation gratuite). C’est par cette réduction progressive aux principes les plus généraux que peuvent apparaître les relations [Zusammenhang] qu’entretiennent entre elles les connaissances singulières, ces dernières pouvant souvent prendre alors un nouveau sens. Grâce à cette méthode, on peut en particulier espérer saisir dans leur dernier fondement le caractère différent des grandes formes de culture que sont la religion, la science et l’art. Si des forces particulières sont à l’œuvre dans chacun de ces trois grands domaines, si des attitudes intellectuelles différentes constituent le préalable à ces formes de culture, il est sans doute aussi possible de définir la fonction rationnelle à travers laquelle l’esprit humain construit le champ de valeur esthétique. Si l’on pose que, dans le plaisir et la création artistiques, le donné est circonscrit et mis en forme par la fonction intellectuelle de la pure contemplation, non seulement l’attitude esthétique s’avère distincte des attitudes religieuse et scientifique mais, en outre, le trait fondamental qui traverse toute la vie esthétique se voit ainsi qualifié. ...
Le concept d’autorégulation régulée, réponse la plus récente aux défauts, perceptibles depuis longtemps, de la direction impérative de processus sociaux par l’État, n’a pas encore incité les chercheurs à se demander s’il existait, dans l’histoire de l’État constitutionnel, une tradition pour cette forme de régulation. Quand on s’en met en quête, comme les organisateurs de ce colloquea l’attendent de moi, on a du mal à lui découvrir des précurseurs dissimulés. Il est en revanche tout à fait possible de considérer l’État constitutionnel, tel qu’il est né des révolutions de la fin du XVIIIe siècle et s’est développé depuis lors comme un modèle dominant d’organisation sociale, du point de vue de la régulation afin d’éclairer la genèse de ce nouveau concept et de se demander comment il s’inscrit dans la tradition de l’État constitutionnel. ...
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la révolution industrielle s’impose en Allemagne, l’époque de la démocratie égalitaire commence avec le suffrage universel et la naissance des partis, et s’établit, depuis les années 1880, ce que l’on a appelé l’État interventionniste. Ces trois processus sont liés mutuellement, et ils sont ensemble à l’origine d’un quatrième phénomène : le droit administratif et la discipline théorique lui correspondant. ...
La fête peut être décrite comme un mode spécifique d’inclusion sociale qui se distingue par une occasion spécifique, sa mise en relief démonstrative par rapport au quotidien tout comme le caractère collectif et la dimension de représentation ostentatoire qui lui sont propres. Dans la fête se constituent des cadres d’actions tels que la cour princière, la ville, la commune ou la paroisse en tant que structures sociales et politiques. Les fêtes sont des événements de communication dont des actes symboliques définissent clairement la durée, pendant laquelle les activités habituelles du quotidien sont en sommeil. Par l’action commune des participants, des appartenances sont définies, des hiérarchies établies et des valeurs transmises. Mais les fêtes peuvent également servir à se libérer de contraintes, à surmonter des menaces ou à se régénérer après des défis particuliers. Leur caractère extraordinaire est souligné par une mise en scène originale qui doit agir en retour sur le comportement et la disposition mentale des acteurs concernés. Car chaque fête suppose une disposition d’esprit précise des participants, tout comme elle tente de créer une disposition d’esprit spécifique. À la différence des cérémonies, les fêtes sont en général connotées positivement – en particulier parce qu’elles sont associées à des actes de sustentation et d’échange de cadeaux. ...
Dans l’image traditionnelle des « religions orientales », forgée dans ses caractéristiques essentielles par Franz Cumont, les villes portuaires jouent un rôle important en tant que centres de distribution. Cumont considérait comme tout naturel que les dieux du Levant aient suivi les grands flux commerciaux et humains de l’Orient vers l’Occident. Les marchands orientaux, qui constituaient le principal groupe mobile, avaient selon lui fait office de « missionnaires » dans les villes portuaires occidentales. ...
Les tâches d’une sociologie de la culture ne peuvent être définies sans prendre en considération la situation générale de la discipline. La conception dominante veut que la société puisse être définie par son organisation extérieure, par les divisions qui sont partout manifestes dans la vie sociale et qui sont aujourd’hui désignées sommairement comme sa structure. Ce concept de société, nous aurons à le montrer, est davantage le produit de différentes circonstances contingentes qu’il ne se fonde sur une décision de principe ou sur des preuves empiriques. Quoi qu’il en soit, il en résulte, en pratique, que la société est identifiée avec sa structure et que la sociologie, par suite, est réduite à une analyse de cette dernière. Cette conception de la société ne laisse pas de place à la culture comme donnée autonome ; la sociologie de la culture, de ce fait, en est réduite à la portion congrue. ...
Le fait de savoir si le Saint-Empire romain germanique constituait un État est, en soi, une question peu stimulante, la réponse dépendant qui plus est des représentations fondamentales que l’on se fait de l’État. La recherche allemande, obsédée par le modèle de l’État national souverain, s’est accordée à penser pendant près d’un siècle et demi et en dépit de toutes les ruptures institutionnelles que l’Empire ne formait pas un État. En référence à cette tradition, l’introduction du concept d’« Empire-État complémentaire » (« komplementärer Reichs-Staat ») a mis en émoi une partie de la communauté des historiens modernistes germanophones, tandis qu’une autre part accueillait avec sérénité ou bienveillance ce nouveau modèle interprétatif. On pourrait ce faisant et en s’appuyant sur l’historicité de la formation de « l’État » procéder à l’analyse de l’Empire à partir de divers modèles. Mais une telle approche n’est pas sans conséquences sur l’appréciation de l’histoire allemande dans son ensemble. Définir l’Empire comme État et nation bouscule sensiblement le « grand récit » traditionnel : l’écart par rapport à une voie réputée normale de l’histoire européenne a jusqu’à présent conféré au passé allemand une signification pourvue d’une finalité tantôt légitimante tantôt déstructurante, mais toujours facteur d’intégration politique. Le concept d’Empire-État complémentaire ébranle l’idée de la singularité de l’histoire allemande moderne* sur un point capital, car il facilite la comparaison avec d’autres pays et oblige à considérer l’Allemagne comme partie prenante de l’Europe des États modernes. La notion d’Empire-État complémentaire ne peut dès lors servir ni de point de départ d’une « voie allemande particulière », ni d’archétype ou de modèle supra-étatique et supranational, ou d’équivalent fonctionnel de l’Europe contemporaine. ...
Le xviiie est le siècle de la révolution constitutionnelle moderne. Les droits de l’homme et du citoyen y furent proclamés, et le droit ancré dans la démocratie. Les choses ont commencé dans quelques États d’Amérique, leur unification a suivi, mais l’événement à proprement parler dramatique, qui allait faire de la révolution constitutionnelle un événement irréversible, fut la Révolution française de 1789. Revendiquer des constitutions fut l’élément dominant du xixe siècle, tenir la promesse de réaliser les droits de l’homme et la démocratie celui du xxe siècle. L’arc se tend sans peine de 1789 à 1989, et même après, il n’y a pas d’issue visible, pas d’alternative en vue. Même le vent froid de la globalisation n’a pas fait pâlir les espoirs utopiques orientés vers la démocratie et les droits de l’homme. ...
Postface
(2015)
Enfondant l’Académie française en 1635, le cardinal de Richelieu, Premier ministre de Louis XIII, lui avait assigné deux missions : la création d’undictionnaire de langue française etl'élaboration d’une poétique, d’une théorie littéraire analogue à celles qui existaient en Italie. Assurément, il souhaitait soutenir les écrivains français et leur donner une tribune, mais cette initiative n'était cependant pas exempte de considérations politiques. Bien qu'il n'ait pas envisagé la création d’une académie artistique, Richelieu n’excluait guère, de ses préoccupations, l'art : en 1627, il rappela à Paris Simon Vouet, alors à Rome, dans l’idée de développer un art typiquement français, qui serait indépendant des influences italiennes et flamandes. Il estimait qu’un État territorial modernese définissait toutautant par son art et sa littérature que par sa langue. La fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648, dans le contexte tourmenté de la Fronde, par le cardinal Mazarin, successeur de Richelieu, assignait à la nouvelle institution des tâches plus complexes quoiqu'assez voisines de celles de l’Académie française. Il s'agissait non seulement de témoigner de la noblesse de la peinture et de la sculpture, mais également de prodiguer aux générations successives une formation leur assurant de réelles qualités artistiques. ...
Il existe sans doute peu d’histoire des relations entre deux aires culturelles qui suscite autant d’attention à l’heure actuelle que celle des relations entre « l’Occident » et le « monde musulman ». Elle montre particulièrement bien combien la période que nous qualifions communément de « Moyen Âge » influence les débats actuels. Certains phénomènes de cette histoire sont aujourd’hui si fortement enracinés dans l’imaginaire collectif qu’ils continuent à façonner de manière significative la représentation même de ces relations. C’est le cas en particulier de l’expansion arabo-musulmane, des croisades et de ce que l’on appelle la « Reconquista » : ces phénomènes n’évoquent pas seulement des images de fanatiques religieux, mais ils sont – les croisades notamment – ancrés si profondément dans notre pensée conceptuelle qu’ils sont considérés comme l’expression d’un antagonisme quasi épique entre deux civilisations, au fondement desquelles se trouvent une variante de monothéisme (chrétienté / islam) et une langue sur laquelle repose la vie intellectuelle (latin / arabe). ...
Depuis le milieu des années 1970, on assiste dans le monde entier à un retour en force des thématiques et problématiques relatives à la culture dans le champ de la sociologie. Ce regain d’intérêt va de pair avec le déclin croissant de la tradition, d’inspiration avant tout marxiste, de la théorie de la société, et s’inscrit dans un cultural turn global,qui a eu ces dernières années des répercussions sur la plupart des disciplines universitaires. ...
Que doit nous apporter une histoire culturelle (Kulturgeschichte) du politique ? Elle ne doit pas se laisser réduire à une science sectorielle, découpée sur le modèle du camembert statistique, mais nous ouvrir, au contraire, une perspective vers le global. Ce « global », que l’on peut assimiler de façon assez vague au politique, elle ne doit pas seulement le présenter sous un autre éclairage, mais aussi l’expliquer de façon plus satisfaisante que les approches conventionnelles. Et elle devrait s’aventurer dans les domaines plus « durs » de l’histoire politique et de l’histoire constitutionnelle, c’est-à-dire des processus macro. C’est à un tel processus macro-historique, qui appartient de surcroît aux thèmes classiques de l’histoire politique et de l’histoire constitutionnelle, que je m’intéresserai : à la formation de l’État, plus exactement, à la formation de l’État au niveau provincial, et particulièrement à ce que l’on pourrait appeler l’intégration territoriale, soit l’annexion de territoires nouvellement acquis. Cette intégration territoriale est un processus fondamental dans une histoire marquée par la régression du nombre d’États en Europe à l’époque moderne : des plus de 500 entités politiques indépendantes que comptait l’Europe au début de l’époque moderne, il n’en restait plus que 25 en 19001. Les autres, soit tout de même quelques centaines d’États, ont été « avalés » par les vainqueurs dans cette course à la résorption étatique : tout d’abord prise de possession par mariage, héritage ou conquête, puis intégration dans les structures du système de domination existant. Mais le fonctionnement de cette intégration n’a guère été étudié pour le début de l’époque moderne. A fortiori, la littérature disponible sur ce thème ne propose aucun modèle permettant d’expliquer ces processus à leurs différents niveaux. La responsabilité en revient à un modèle micro-macro classique, que l’on ne peut résoudre, telle est ma thèse, que par une histoire culturelle du politique, plus exactement par l’élargissement de la recherche conventionnelle grâce au concept de culture politique. ...
Cette thèse soutenue à l’université de Bayreuth sous la direction du professeur Franz Bosbach est consacrée à un personnage, Hermann V von Wied, dont la vie et l’action donnent lieu à des jugements d’une grande diversité. Andreea Badea a opéré de grands dépouillements d’archives dans les dépôts de Düsseldorf, de Cologne, de Bonn, de Marbourg, de Weimar et de Strasbourg, et également pour certains documents aux archives du Vatican et de Munich. ...
Au milieu du beau livre d’Anna Karla, le lecteur tombe sur les réflexions du général François-Amédée Doppet qui, dans sa préface aux »Mémoires politiques et militaires«(1797), rapporte les conditions nécessaires pour écrire une histoire véritable de la Révolution française. À son avis, il faudra un écrivain impartial, éloigné du chaos des événements, qui, tout d’abord, rassemblera tous les souvenirs écrits par les protagonistes de la Révolution, jusque-là encore dominés par l’esprit de parti. Seul cet écrivain pourra, avec l’impartialité de l’historien, extraire de ces mémoires une histoire complète des bouleversements révolutionnaires. La vérité sur la Révolution, donc, ne pourra être formulée que longtemps après la fin de celle-ci. ...
Le genre des questions-et-réponses dans la littérature grecque chrétienne se laisse mieux comprendre si l'on le définit comme une série de questions-et-réponses, présentées comme telles (et non comme des lettres ou des dialogues, par exemple) abordant des sujets variés et qui ne se réduisent pas à une seule catégorie de contenu (exégèse biblique ou explications scientifiques, par exemple). Ainsi restreint, le genre des questions-et-réponses dans la littérature grecque chrétienne connaît sa période la plus faste aux Ve-VIIIe s. dans des milieux monastiques ouverts sur les problèmes et les interrogations du monde. Ce genre, d'une grande souplesse et d'une grande vitalité, permet de traiter des questions d'une façon plus accessible et plus libre qu'il ne serait possible de le faire dans une homélie ou un traité théologique.
L’ouvrage dirigé par Werner Plumpe et André Steiner propose une étude ambitieuse des mutations de l’industrie allemande, tant à l’Ouest qu’à l’Est, entre les années 1960 et les années 1990. Contestant l’image d’une simple crise de l’industrie, les différentes contributions insistent sur les mutations du secteur industriel face aux changements structurels auxquels ont été soumises la RFA et la RDA depuis les années 1970. Présentant les résultats d’un projet de recherche soutenu par la Deutsche Forschungsgesellschaft, l’ouvrage réunit quatre études empiriques qui, à l’échelle des entreprises, réfutent l’idée d’une Allemagne post-industrielle. ...
Le cas Thyssen a déjà fait couler beaucoup d’encre et cette biographie n’est pas la première sur l’un des membres de cette famille ou sur l’entreprise. Il s’agit ici d’August Thyssen, le fondateur de l’immense Konzern qui, juste avant sa mort (1926), devient les Vereinigte Stahlwerke, le plus grand groupe sidérurgique allemand, représentant alors environ la moitié de la production d’acier. L’ouvrage présenté ici est issu d’une thèse de doctorat soutenue en 2006 à l’université de Bochum; il est basé sur un ensemble riche et large de sources d’entreprises, de sources publiques et de presse, parmi lesquels une importante correspondance privée jusque-là en grande partie inexploitée. Dans une longue introduction, l’auteur se positionne par rapport à plusieurs champs de recherche en cours, tels que les recherches sur les élites sociales et économiques, l’histoire industrielle et celle des entreprises, ainsi que l’histoire régionale. Cette biographie se présente aussi comme une histoire sociale, avec plusieurs perspectives: d’une part, Fritz Thyssen est présenté dans son groupe social d’appartenance, d’autre part sont évoquées les conditions matérielles et institutionnelles de la société allemande au cours du XIX e siècle, et comment l’interaction sociale y évolue. ...
Professeur émérite d’histoire médiévale à l’Université libre de Berlin, spécialiste d’Hugues de Saint-Victor et d’Henri le Lion, mais aussi de la société et de la culture médiévales, de l’Europe du haut Moyen Âge et de la France des Capétiens, l’auteur propose ici un petit livre qui fournit un excellent aperçu du devenir de la chevalerie entre les XI e et XV e siècles: origine, évolution et finalement déclin de l’ordo militaris dans l’espace européen. Il s’agit d’une belle approche d’une réalité et de ses représentations rituelles et symboliques, à travers notamment Hastings, les croisades, les joutes et les tournois. ...
L’auteur est parti du constat qu’à la suite de la monographie de Jean Rupp, toutes les études portant sur le terme christianitas cherchent à saisir le concept de chrétienté, au détriment des autres significations possibles. Geelhaar a donc décidé de reprendre le dossier en partant de l’histoire du mot lui-même, de ce qu’il signifiait pour les hommes de l’Antiquité tardive jusqu’à l’époque carolingienne, quels sens ils lui donnaient et dans quels contextes ils l’utilisaient. Le but de sa recherche est de vérifier les études publiées jusqu’à présent, quitte à les remettre en cause, mais également de contribuer à la recherche sur le langage politique du tournant entre Antiquité et Moyen Âge, à savoir si et comment le terme christianitas participe à la communication politique. ...
En 2008, le médiéviste Valentin Groebner réfléchissait dans un essai visant un large public sur le rôle du Moyen Âge et de l’histoire médiévale dans les sociétés contemporaines. Selon ses propres dires, cet essai intitulé »Le Moyen Âge ne finit pas«résultait d’une inquiétude devant le décalage croissant, et quelque peu paradoxal, entre l’immense popularité dont cette époque jouit auprès d’un public toujours plus nombreux – »foires médiévales«, romans et films historiques, jeux vidéo – et la marginalisation progressive des études académiques correspondantes (cf. le compte rendu critique de Ludolf Kuchenbuch dans la revue »Rechtsgeschichte – Legal History 20 (2012)«.De fait, et même si ces réflexions ne sont pas entièrement nouvelles, il semble que les publications se multiplient qui traitent de la genèse, du développement et des différents rôles de l’»histoire médiévale«, des différents »Moyen Âges«construits au cours de l’époque moderne ainsi que de la valeur de l’analyse scientifique de cette époque lointaine pour le monde contemporain. Mais faut-il y voir un signe du désarroi des médiévistes, ou plutôt celui d’un renouvellement et repositionnement des études médiévales face aux questions d’aujourd’hui? ...
L’intérêt des médiévistes pour les phénomènes d’arbitrage et de résolution des conflits n’est pas nouveau. Il n’est donc pas surprenant que le présent volume, qui réunit les contributions d’un colloque organisé en l’honneur de Hanna Vollrath, fasse explicitement référence à une »étude séminale« qui fut publiée il y a presque trente ans: il s’agit d’une étude de Vollrath sur »Le Moyen Âge dans la typologie des sociétés orales«. L’ensemble des contributions du présent volume confirme la fertilité de ce texte, qui a contribué à déclencher l’analyse des comportements rituels dans la recherche médiévistique allemande qu’elle continue visiblement à inspirer. ...
Le présent volume, issu d’un colloque à l’université de Münster en novembre 2009, se situe au carrefour de trois champs thématiques dont aucun ne constitue, en soi, un sujet dont on pourrait prétendre qu’il aurait été jusqu’alors inconnu ou négligé de la recherche scientifique: ni l’amitié, ni le don, ni même la notion de réseaux (sociaux) ne surprennent ainsi dans le contexte des études récentes sur l’histoire sociale et politique du Moyen Âge. C’est la combinaison des trois aspects qui promet l’ouverture de nouvelles pistes. En outre, comme le constate Michael Grünbart dans son introduction (p. XIII–XXV), les approches se concentrant sur les actions ritualisées, qui constituent un courant important au sein des études médiévales, sont moins présentes dans les études byzantinistes. D’où la volonté d’appliquer ces méthodes au monde byzantin dans une perspective comparatiste (p. XIV–XVI). ...
L’ouvrage à présenter réunit les contributions de la dernière d’une série de conférences organisées par le Max-Planck-Institut für Geschichte en collaboration avec la Mission historique en Allemagne, le British Council et la Polska Misja Historyczna. Il conclut un tour d’horizon sur la question de »La mémoire culturelle des sciences [historiques] à l’époque moderne« qui restera, malheureusement, à jamais incomplet sous forme de livre, les actes de la deuxième conférence »Justice, pouvoir et violence au Moyen Âge« n’ayant pas été publiés. Mais on ne regrettera pas seulement l’absence du deuxième volet dans ce triptyque: avec la fermeture en 2006 du seul Max-Planck-Institut consacré à l’histoire générale, une coopération fertile entre les instituts historiques de plusieurs nations touche désormais à sa fin. Ceci est d’autant plus regrettable que la communauté internationale des historiens, et en particulier des médiévistes, à Göttingen avait su créer un lieu de contacts et d’échanges fertiles. ...
L’introduction de cet ouvrage rappelle que l’un des critères plus ou moins explicites de différenciation entre la modernité et ce qui la précède et entre la démocratie et les formes traditionnelles d’exercice du pouvoir est précisément la place tenue par les rites, cérémonies et autres gestes significatifs par eux-mêmes. La cérémonie serait par essence plutôt surannée, vue d’une manière péjorative. Le Centre d’études médiévales de Berne (Berner Mittelalter Zentrum/BMZ) a rassemblé plusieurs chercheurs, dans les années 2005–2006, autour de ce thème. Les organisateurs présentent en introduction une riche problématique dans laquelle ils rappellent tout ce qu’ils doivent spécialement à Gerd Althoff et à Jean-Claude Schmitt. On signalera en particulier l’attention portée à l’histoire de l’art et à l’histoire religieuse dans un souci de cohérence globale. Les contributions viennent de spécialistes de différents domaines et sont regroupées sous différentes sections: »Méthodologie«, »Liturgie«, »Droit«, »Politique« et, enfin, une réflexion conclusive à partir de données linguistiques. ...
Avec le présent fascicule, le Mittelalterzentrum (Centre d’études médiévales) de la Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften (BBAW) inaugure une nouvelle série: une fois par an, le centre organisera une conférence publique qui sera ensuite publiée sous ce format. Dans la préface, Michael Borgolte, porte-parole du Mittelalterzentrum, indique que le centre a choisi ce format afin de mettre en relief la contribution des disciplines médiévistes au travail de la BBAW, mais aussi afin de promouvoir la réflexion des disciplines concernées sur leur propre position et d’animer le dialogue et les contacts interdisciplinaires. Bref, il s’agit de montrer, entre autres, l’actualité des recherches médiévistes – et le choix du premier conférencier n’aurait pu être meilleur: Otto Gerhard Oexle, ancien directeur du Max-Planck-Institut für Geschichte à Göttingen, réfléchit et écrit depuis longtemps sur le travail des historiens et ses implications théoriques, mais aussi sur le rôle social de l’histoire en général dans les sociétés contemporaines. Il met tout particulièrement l’accent sur le rôle constitutif que jouent le Moyen Âge et les images que nous nous en faisons pour la mise en place de la »modernité«.
À la différence du milieu universitaire français, l’existence d’une véritable »culture des manuels« dans les sciences historiques en Allemagne constitue un phénomène tout récent. Certes, il existe depuis longtemps des ouvrages fondamentaux qu’on utilise parfois depuis plusieurs générations d’étudiants. Or, la plupart de ces manuels au sens strict du terme visent avant tout la transmission des méthodes et de la théorie du travail d’historien avec un fort accent sur les »sciences auxiliaires«. En ce qui concerne les grands traits de l’époque médiévale, les étudiants furent longtemps obligés de consulter des ouvrages spécialisés qui étaient grosso modo les mêmes qu’utilisaient les chercheurs dans leur travail quotidien: le célèbre »Gebhardt« qui servait de catalogue de faits et de dates en histoire allemande, le »Handbuch der europäischen Geschichte« de Schieder ou bien les volumes sur l’histoire de certaines dynasties, parus chez Kohlhammer. S’ajoutent à ces ouvrages la série »Oldenbourg Grundriss der Geschichte« qui vise avant tout un public d’étudiants mais qui contient des bibliographies également fort utiles pour les chercheurs, ainsi que l’»Enzyklopädie deutscher Geschichte« qui paraît aussi chez Oldenbourg depuis la fin des années 1980 et dont les volumes (l’éditeur en envisage 100) se concentrent sur des sujets choisis de l’histoire allemande. ...
L’histoire sociale du haut Moyen Âge occidental s’est longtemps intéressée, de manière pour ainsi dire exclusive, aux classes supérieures de la société, d’une part, et au système de domination de base, de l’autre. Les niveaux inférieurs de pouvoir, la variété des systèmes de domination et, par conséquent, la multiplicité des modes de relations unissant les hommes du haut Moyen Âge les uns aux autres ne se sont que récemment imposés comme autant d’objets de recherche fondamentaux. C’est donc dans une perspective relativement neuve et originale que s’inscrit la thèse consacrée aux communautés locales bavaroises entre les VIII e et X e siècles, soutenue par Thomas Kohl à l’université Johannes Guttenberg de Mayence en juillet 2008 et parue chez Thorbecke en 2010. ...
Caractérisation structurale de la végétation ligneuse du Parc National de Mozogo-Gokoro (Cameroun)
(2018)
La gestion forestière durable est étroitement dépendante de la compréhension de la dynamique structurale. Cette étude vise la description de la structure de la végétation ligneuse du Parc National de Mozogo-Gokoro, situé en zone soudano-sahélienne au Cameroun. À l’issue d’un inventaire floristique, prenant en compte tous les individus ligneux, les analyses ont porté sur les paramètres suivants: la structure diamétrale, les types de tiges, la répartition en classes de hauteurs, les types biologiques et les types végétatifs. Ces différentes formes de caractérisation ont prouvé globalement le vieillissement du peuplement. Les pourcentages des types végétatifs montrent une végétation dominée par les arbustes (63,12 %), mais avec une présence non négligeable de lianes (26,34 %) et d’arbres (10,54 %). À partir des tests de corrélations diamètres-hauteurs, le paramètre types de tiges, avec une domination des hautes (1521 tiges/ha) et moyennes tiges (733 tiges/ha), est démontré plus crédible dans l’étude de la structure intégrale de la végétation ligneuse. L’analyse structurale des espèces présente quant à elle des tendances, montrant l’importance de l’ensemble des paramètres et une divergence dans les pressions subies. En somme, dans le processus de gestion durable du parc, la régénération et la croissance des ligneux se manifestent comme une préoccupation concernant l’ensemble du peuplement, mais de façon plus ciblée suivant les espèces.
Pour qui s’intéresse de près à l’histoire du Saint-Empire au Moyen Âge, l’œuvre de Robert Folz, disparu en 1996, demeure une lecture incontournable. Il revenait tout naturellement à l’université de Bourgogne, où cet élève de Marc Bloch effectua toute sa carrière universitaire, de célébrer la mémoire du grand médiéviste et du grand professeur. Ce fut chose faite le 23 mars 2001, à l’occasion d’une journée d’étude placée sous le patronage posthume de Robert Folz; une manifestation éminemment bienvenue dont la présente publication bilingue, à quelques années de distance, livre les actes. ...
Cette somme (722 pages!) est une double synthèse sur une double recherche, celle d’une source et celle d’une institution: les comptes de fabrique médiévaux. L’auteur prend bien soin, à bon droit, de ne pas dissocier son objet: il n’est point de fabrique sans comptes ni de comptes sans fabrique dans la paroisse médiévale. L’étude érige dès lors la fabrique en observatoire de trois phénomènes à la fois financiers, institutionnels, sociaux et spatiaux: l’administration même de l’église par la fabrique, son insertion dans le tissu et la société de la ville, les relations sociales et culturelles de ses membres non seulement entre eux mais aussi avec les autres communautés et regroupements de la cité. L’analyse progresse par cercle concentrique en partant d’abord de la source, constituée non en produit de l’activité des médiévaux ou en simple matériau pour les médiévistes, mais en témoin et facteur d’une construction sociale et culturelle; pour rejoindre le cercle des personnes de la fabrique en passant par son organisation d’abord, ses œuvres ensuite (tant monumentales que sacramentelles) et ses finances enfin. ...
Ce volume rassemble les actes d’un colloque tenu en octobre 2001 avec l’objectif de contribuer à une meilleure connaissance du rôle des cours dans »la poussée de scientifisation« (Verwissenschaftlichungsschub) du XIIIesiècle. Plus précisément, c’est l’articulation entre »transferts culturels« (Kulturtransfer) – un concept forgé pour l’étude des relations franco-allemandes à l’époque moderne et, par la suite, lui-même transféré à celle de l’histoire de l’Amérique – et »société de cour« (Hofgesellschaft) qui est ici visée. Il s’agit de mieux comprendre les modalités de circulation et de production des savoirs, les pratiques intellectuelles en vigueur et les connaissances recherchées dans les mondes curiaux. ...
L’ouvrage réunit onze contributions présentées pour la plupart lors du Congrès des historiens allemands (Historikertag, section "Kriegsbilder II und III") à Constance en 2006, qui s’attachent à l’étude de la représentation de la guerre et des scènes de violence dans un cadre chronologique allant de la fin du Moyen Âge au XVIII e siècle. L’unité de la période envisagée découle de considérations liées à la technique guerrière, mais aussi à l’évolution des médias et des modes de représentation. ...
La population juive de l’ Altreich diminua de 520 000 à 240 000 ressortissants de 1933 à 1938, mais avec les annexions effectuées par le Reich de 1938 à 1941, les effectifs de la communauté juive placée sous la domination allemande s’accrurent dans des proportions considérables. Or, comme le soulignent Gruner et Osterloh dans l’introduction, l’influence de l’extension territoriale de l’Allemagne sur la persécution des juifs n’avait encore jamais fait l’objet d’une investigation systématique. C’est désormais chose faite à travers les douze contributions réunies dans cet ouvrage, qui couvrent l’ensemble des annexions territoriales successives effectuées par le Reich depuis le rattachement de la Sarre, à la suite du plébiscite du 13 janvier 1935, aux annexions de facto d’Eupen-Malmédy, du Luxembourg et de l’Alsace-Lorraine au printemps 1940, en passant par l’Autriche, les Sudètes, le protectorat de Bohême-Moravie, le territoire de Memel, Dantzig et les territoires polonais occidentaux, et à l’exception de la Slovénie du Nord, à la suite du rétablissement en avril 1941 au profit du Reich des anciennes frontières méridionales cisleithanes de la Carinthie et de la Styrie, non documentée dans ce recueil. ...
Cette communication a pour but de révéler l'implication du personnage dans des discours hégémoniques qui mettent en scène une société de la diversité par une apparente absence de la ligne de couleur. Deux générations seront confrontées existentiellement- et ontologiquement avec des imaginaires interchangeables autour de la notion de « Noir de France ». Les deux romans Blues pour Élise (2010) et Ces âmes chagrines (2011) offrent un parallélisme dans leur description similaire, tant sur le plan diachronique que dans la variation des significations des points de vue.
Quand on pense à l’œuvre écrite d’Auguste, on pense d’abord aux Res gestae. Il n’est pas absolument assuré que ce texte soit strictement de la plume de l’empereur selon nos propres règles d’authenticité mais on peut raisonnablement considérer que ce « testament politique », comme on peut le définir, conserve ses idées et peut-être même son expression. Mais qu’en est-il de tous les discours, édits, lettres que l’Antiquité attache à son nom ? Toute la problématique de l’attribution des fragments et citations vient à l’esprit avec ses doutes et ses difficultés méthodologiques qui confinent souvent à l’impasse. ...
Ainsi s’achève, par son deuxième tome consacré au XVIIIe siècle, cette vaste entreprise d’une histoire de l’éducation et de la culture de la fin du Moyen Âge à nos jours, répartie sur 6 tomes et 7 volumes. Conçue dès les années 1970, publiée dans un ordre assez aléatoire à partir de 1986 en commençant par le tome III couvrant la période 1800–1870, elle livre pour finir ce deuxième tome, 9 ans après le tome I qui ouvre chronologiquement la série. Il est paradoxal que la période reine de l’histoire de la pédagogie allemande, ce »siècle pédagogique« pour reprendre l’expression de Johann Heinrich Campe, surreprésenté dans la production historiographique, ait donné tant de difficultés aux rédacteurs. Cela tient sans doute autant aux défaillances individuelles d’une entreprise collective associant pour ce seul tome 18 personnes sur une telle durée (Rainer A. Müller est décédé et Rudolf Vierhaus, un des coéditeurs, s’est retiré pour cause d’âge et a dû être remplacé par Notker Hammerstein), qu’aux erreurs de conception et de cadrage initiales qu’il convenait autant que possible de rattraper. En effet, nous avions relevé dans le premier tome des déséquilibres et des lacunes assez peu explicables1 , notamment à propos du XVIIe siècle qu’il était pourtant censé couvrir. ...
Quand un professeur atteint l’âge de la retraite, il est de coutume de lui offrir un volume en son honneur. Le cas le plus fréquent est un volume d’hommages, de ses collègues et anciens étudiants. Plus rarement, c’est un recueil des articles rédigés par luimême qui est proposé. On peut débattre de la meilleure solution, mais la seconde a l’avantage d’offrir au souscripteur ou à l’acheteur un ensemble d’études publiées dans des revues ou des actes de colloque divers, et c’est celle qui a été choisie par les étudiants de Heribert Müller, à l’occasion de ses soixantecinq ans, le 16 mars 2011. ...
Cette recherche retrace l’histoire de la fondation des musées en France englobant les périodes du Directoire, du Consulat et de l’Empire. Cette création des musées se fait à travers des envois gouvernementaux de tableaux à plusieurs villes périphériques. Elle est intimement liée au dit « Décret Chaptal », l’arrêté consulaire du 14 fructidor an IX (1er septembre 1801) qui lance quinze envois dans différentes villes dont Bruxelles, Genève et Mayence, alors considérées comme parties intégrantes du territoire national. Ma thèse est présentée en trois parties, pour valoriser le rôle singulier de Chaptal. Le dépouillement des archives fournit un récit détaillé des prémices de cette politique, de la conception du texte et de la mise en œuvre de cet arrêté avant, pendant et après le Ministère Chaptal. Leur analyse ouvre des perspectives nouvelles sur la politique muséologique initiée par Chaptal dans la continuité des Lumières.
Arachnides N°82 (2017)
(2017)
Arachnides N°81 (2017)
(2017)
Arachnides N°80 (2017)
(2017)
Un nouvel ouvrage sur la période de l’unification allemande! Certains se demanderont si l’on peut encore écrire quelque chose d’intéressant sur un sujet aussi rebattu. Eh bien oui: de nombreux spécialistes ont été convoqués sur la question lors d’un colloque d’historiens qui s’est tenu à Dresde en 2008 et l’on trouve ici leurs 37 contributions. C’est une excellente synthèse. ...
Le livre, issu d’un colloque tenu en 2010 dans l’enceinte de l’Historisches Kolleg, relève de la gageure. Il entend déporter l’accent de la première décennie du concile de Bâle, celle de son apogée, vers la seconde, quand l’assemblée perd peu à peu le soutien des princes et voit fondre ses rangs jusqu’à son autodissolution finale. La difficulté ne tient pas seulement au peu d’intérêt qu’inspire de prime abord cet échec annoncé. Elle réside aussi dans les lacunes de la documentation: passé 1443, s’interrompent à la fois les protocoles du concile et la chronique de Jean de Ségovie, qui fournissaient jusquelà un indispensable fil conducteur. Il vaut pourtant la peine d’étudier »Bâle après Bâle« autrement que sous les couleurs fanées d’un lent et irrésistible déclin. Même affaibli, le concile a continué à peser sur le jeu politique et sur les débats du temps, ce qui a contraint la papauté de Nicolas V à des accommodements. Aussi bien sa dispersion en 1449 ne sonnetelle pas le glas du conciliarisme, puisque celuici demeura vivace jusqu’à Vatican I. On ne peut que féliciter Heribert Müller d’avoir voulu ainsi, comme il s’en explique dans l’introduction, prendre toute la mesure d’un concile unique dans l’histoire par sa durée. ...
Le dernier livre du professeur Heribert Müller s’inscrit dans l’ample projet encyclopédique que le spécialiste de Bismarck Lothar Gall mène depuis 1988 et dont les 100 volumes retracent l’histoire de l’espace politique allemand, du Moyen Âge au XXe siècle. La crise ecclésiastique de la fin du Moyen Âge est étudiée dans une perspective à la fois synthétique et scientifique. Dans l’"Enzyklopädie deutscher Geschichte" (EDG), fidèle à la collection "Oldenbourg Grundriss der Geschichte", l’analyse se déploie en trois temps. À la synthèse chronologique de faits historiques (p. 1–58), succède le commentaire historiographique des principaux travaux de recherche (p. 59–123); enfin, la bibliographie thématique rassemble les sources éditées et les principaux ouvrages cités (p. 125–152). Le cheminement du lecteur dans l’ouvrage est facilité par des rubriques marginales et un triple index (p. 153–163). Que chacune des trois parties suive, à quelques nuances près, le même plan permet de faire une lecture transversale du livre. L’auteur paraît y inciter, qui émaille la synthèse historique de quelques remarques historiographiques. Dans le paysage éditorial français, la collection "Nouvelle Clio", publiée aux Presses universitaires de France depuis 1966, suit la même orientation synthétique et scientifique, qui s’avère précieuse pour les étudiants comme pour les spécialistes. Mais à la différence des manuels français, les volumes de l’"EDG" forment, grâce au travail d’édition et au soin apporté à la mise en page, de véritables essais
L’ouvrage est le fruit d’un colloque tenu les 30 juin et 1er juillet 2006 au Zentrum für Europäische Studien de l’université de Cologne. La corruption, vaste et universel thème par-delà les siècles, les continents, les États, les régimes politiques … Juristes, sociologues et politistes s’en sont emparés, plus que les historiens: citons Paul Veyne, Jakob van Klaveren, Jean-Claude Waquet et quelques secteurs bien documentés, la corruption dans l’Angleterre parlementaire, celle de la république de Weimar, instrumentalisée par les nazis, celle du régime nazi. L’universalité du phénomène, le champ très ouvert de ses manifestations doivent éviter la tendance à une généralisation facile; la corruption doit être contextualisée et datée avant que d’être conceptualisée. ...
Malgré des dimensions réduites, l’ouvrage brosse un ample panorama des crises économiques, de l’époque moderne à nos jours. Il s’ouvre par quelques informations sur la connaissance du phénomène, soulignant le rôle pionnier des instituts de conjoncture fondés aux États-Unis et en Allemagne au début du XXe siècle (National Bureau of Economic Research en 1912, Institut für Konjunkturforschung en 1925). Puis il expose les théories interprétatives, de Jean-Baptiste Say à Paul Davidson et Hyman Minsky, insistant sur l’opposition entre celles qui, comme Schumpeter, les jugent inséparables d’une régénération incessante du capitalisme dont elles forment des étapes douloureuses, mais non nécessairement négatives, et celles qui estiment qu’elles ruinent un équilibre qui doit être ensuite rétabli pour des raisons sociales, politiques et économiques. Occupant les chapitres suivants, l’histoire des crises forme le cœur de l’ouvrage. ...
L’année 2014 a vu naître une multitude d’initiatives – médiatiques, éditoriales, académiques, muséales, pédagogiques … – en rapport avec le centenaire de la Première Guerre mondiale. Cette vague mémorielle était attendue en France où l’intérêt pour ce conflit n’a cessé de s’accroitre depuis les années 1980. Elle était plus improbable en Allemagne où cet intérêt est depuis longtemps bien moindre; elle n’y a été que plus remarquable. Parmi les initiatives universitaires qui ont vu le jour en 2014, un colloque tenu en mai à Francfort-sur-le-Main s’intéressait à sa manière aux événements survenus un siècle plus tôt: il s’agissait moins d’aborder le déclenchement de la guerre sous l’angle des relations diplomatiques que d’éclairer le contexte mental d’avant-guerre pour y déceler les conditions ayant rendu possible l’éclatement d’un conflit de grande ampleur. ...
The erroneous translation of Aristotle's Poetics by the famous Andalusi philosopher Averroes seems to be one the fundamental reasons why an autochthon Arab theater appeared quite late, namely after the Napoleonic campaign of 1798 in Egypt which started an extensive process of acculturation between the Arab countries and the West. Our contribution will explore the first theatrical experience in the Arab world, that of the Lebanese Mārūn Naqqāš (1817-1855): as every initial experiment, his attempt is inevitably voted to errors and misunderstandings. The analysis of errors will allow us to reflect on the new readings and interpretations of Western theatrical heritage made by the first Arabic drama.
Le miroir intermédial : "Sneewittchen" des Grimm et "Blancanieves" de Pablo Berger en comparaison
(2017)
Contemporary studies about film adaptations of literary texts face many obstacles when it comes to compare two different media. They either tend to establish how faithful the film adaptation is to its textual source or they consider the literary text as canonical, which as such cannot be transposed to any other form. This contribution aims to cross the borders of 'adaptation studies' and offers an intermedial comparison between the Grimms' tale 'Sneewittchen', first published in 1812, and 'Blancanieves', a black and white silent movie directed by Pablo Berger and released in 2012. Regarding 'Blancanieves' not only as an adaptation of the Grimms' text(s), but also and above all as a reconfiguration of numerous media forms (film, photography, opera, among others), reveals how the Spanish director differentiates himself from the German tale and creates a new story with renewed meanings which echo the current social, economical and political situation of Spain.
Depuis 2012, le programme doctoral CUS/CRUS (désormais Swissuniversities) de littérature générale et comparée s'efforce d'offrir un lieu et un réseau d'échanges et de pensée aux jeunes chercheurs de la littérature comparée et des différentes langues et littératures étudiées dans les universités suisses. L'orientation de ce programme le place doublement en position de transgression. D'une part, la littérature comparée est par essence une science du dépassement; la comparaison, la mise en réseau et l'éclairage croisé des langues et des littératures vont de pair avec l' "au-delà" d'un sujet préalablement circonscrit; comparer suppose la mesure d'un espace, l'expérience de ses limites et leur franchissement. D'autre part, l'invention d'un cadre réunissant à la fois des doctorants, des chercheurs plus confirmés et des professeurs, où puissent se discuter aussi bien des questions théoriques que les problèmes concrets auxquels la recherche expose les uns et les autres, invitait à ne pas se priver d'un questionnement croisant plusieurs approches. Nous avons donc imaginé un programme ouvert autant aux questions esthétiques et littéraires (les représentations des frontières et de leur transgression, la forme que ces représentations pouvaient adopter) qu'aux sujets engageant une métaréflexion sur les limites de nos outils de recherche et les conditions réelles d'une transdisciplinarité qui serait plus que programmatique (une théorie et une pratique de la transgression des limites).
De la productivité de l'erreur en contexte pédagogique 'kairos', abduction et poétique du cours
(2017)
In this paper we shall examine how error can constitute an occasion of improving the context of learning. Taking error into account, trying to understand and follow the way that led the student to make it, the Professor betters his empathy. Hence, thanks to this mimicry, the Professor enters into the student's process of thinking and the poetics of the course becomes more inclusive. Turning error into "kairos", the course truly becomes a moment of collective individuation.
This article analyzes some cases of lack of understanding as well as of misunderstandings and errors, voluntary or otherwise, which punctuate the sessions of French- Russian Studio, an important place of intellectual and cultural exchanges between Russian émigrés and French intellectuals between the Wars. These errors and misunderstandings turn out to be rather productive ones, leading sometimes to lively discussions. Two notions, humanism and intellectualism, become a real stumbling block to debates: being regularly referred to at the sessions devoted to Gide, Valéry, Proust and Descartes, they are differently interpreted by Russian and French debators. This reflects not only the explicit difficulties in translation of philosophical and cultural notions but also some implicit discrepancies in production of meaning.
[Rezension zu:] Anatoly Livry. La Physiologie du Surhomme. St-Pétersbourg : Aletheia, 2015. 312 p.
(2017)
La 'Physiologie du Surhomme' est un ouvrage qui unit démarche philosophique, critique littéraire et réflexion sur la morale, en s'attachant à des questions éternelles et néanmoins actuelles. Il s'agit aussi de la thèse de doctorat en littérature générale et comparée rédigée par Anatoly Livry en français pour être soutenue à l'Université de Nice-Sophia Antipolis en 2011, puis réécrite en russe en vue de sa publication de St-Pétersbourg. Dès les premières pages, Anatoly Livry exige de son lecteur une attitude particulière, nécessaire à l'absorption de l'ouvrage. Se penchant sur le cas de l "humain" et de son éventuelle fin – une idée que je puis qualifier de post-moderne –, il décortique les notions de "vertu", de "justice", d' "égalité" ou de "fraternité" usées dans nos sociétés. Cet "anti-progressisme" post-moderne d'Anatoly Livry semble logique si l'on connaît ses passions auparavant exprimées dans ses articles scientifiques, ouvrages et interviewes. En revanche, dans la présente monographie, ces opinions, unies dans un courant de réflexion, acquièrent les particularités d'un vrai système philosophique.
Seit 20 Jahren schreibt Philippe Forest, Literaturprofessor und Schriftsteller, an einem Werk, das die Grenzen zwischen Autofiktion, Essay und literaturwissenschaftlichen Texten verwischt. Innerhalb dieser Produktion versucht er am Beispiel von Marcel Proust und in der japanischen Tradition eine Poetik der Fehldeutung zu grunden. Dabei verweist er einerseits auf die Aussage vom Autor der Recherche, man konne von schonen Buchern nur schone Fehlinterpretationen machen, andererseits auf ein Missverstandnis im Kulturtransfer zwischen Europa und Japan, das ihm ruckwirkend erlaubt, die Autofiktion als Genre fur sich und sein Werk neu zu definieren. Als Autorenpoetik funktioniert diese Asthetik der Fehldeutung, die ausserdem eine Analogie zwischen Traumarbeit und Literaturkritik fundiert, ohne grossere Probleme. Als wissenschaftliches Instrument eines Literaturprofessors ruttelt sie jedoch an den etablierten Regeln der Universitat und der Literaturwissenschaft.
The barbarian is a construct of the Other which can be distinguished from the "savage" through a certain degree of social organization and from the monstrous through its more realistic-historic outlook. Still, these categories are fuzzy and fantastic fiction – understood in a broad sense – makes new use of the barbarian people motif in a manner which makes the ideological undertones more visible despite an increased freedom from historical references. The " mob" (das Gesindel) getting out of the forests to devastate the civilized order, in 'Auf den Marmorklippen', embodies abjection in its clearest form, a violent return of the dark violent repressed. On the contrary, in the cycle of 'Dune, the Fremens' are 'barbarian' only in the eyes of the corrupt totalitarian elite of the Imperium. Despite their rough way of life, they represent a cultural order much closer to ecological harmony, which constitutes a major theme in Frank Herbert's saga. Borges' perspective, in 'The Story of the Warrior and the Female Prisoner', is not so much ethical/political as it is philosophical : the mutual fascination between the 'civilized' and the 'barbarians' is tantamount to magnetic opposites, border-crossing and meaningful otherness. These three visions of the 'barbarian' can be distinguished not only through their ideological underpinnings, but also through their narrative techniques.
When Gorki wrote his play "The Barbarians" (1906), he probably did not intend to raise such an intricate problem as the relationship between the barbarian, the savage and the civilized. Neither did he envisage talking about this triadic relation in reference to its political, historical and philosophical meaning. He proceeded as a writer and managed to construct a peculiar literary figure of the "barbarian" in its multiple aspects, and as related to other figures, such as the savage, in the first place. In this paper I argue that Gorki's intrinsically literary venture consisted in trying to make collide two categories that never normally enter in a dual relationship, but are always mediated by the category of the "civilized". The objective of this paper is to examine the consequences of this forced dualism, which without imposing any idea of civilization, however, ends up by setting it as a problem for further meditation and, without giving any solution, invites the reader to pursue his reflection.
For Baudelaire, the barbarian is a figure of predilection. At first, it is a literary character that he got acquainted with through the works of Chateaubriand and E. A. Poe. The barbarian is linked to poetry as well; he brings to mind the condition of the exiled, the solitary figure far away from his homeland (such as in Delacroix's Ovid among the Scythians). But, most of all, the barbarian gives the opportunity to Baudelaire to refine his idea of Beauty: at the 1855 Universal Exhibition, he confronts himself for the first time to Chinese art – labelled "barbarian art" back then. Far from agreeing with this description, Baudelaire refutes it and forces himself to shift his critical perspective: his challenge will be to adapt himself, accommodate his taste and become "as barbarian" as the works he beholds in order to appreciate one of these "specimen of universal beauty". This reflexion shall continue in his essay, 'The Painter of Modern Life' (1863), in which he describes Constantin Guys' way of drawing as being moved by an "inevitable barbarousness". In this article, our aim will be to trace the evolution of Baudelaire's conception and different uses of the term "barbarian" through his aesthetical, poetical and literary writings.
Le présent volume vient combler la série des ouvrages qui, dans cette collection encyclopédique de l’Histoire de l’Allemagne, traitent du Moyen Âge en matière d’histoire politique et institutionnelle (rubrique »Politik, Staat, Verfassung«). Conformément à la structure de la collection, le livre est divisé en trois parties: un exposé général, une présentation des tendances actuelles de la recherche et une bibliographie raisonnée. L’auteur a intitulé son ouvrage d’une manière peu ordinaire, destinée à souligner ce qui lui semble un trait essentiel des structures politiques du haut Moyen Âge, à savoir qu’à chaque génération il faudrait reconstituer le réseau des relations personnelles permettant au roi de régner et à la société politique de maintenir sa cohérence, en raison du caractère fluctuant de ces liens. (Or les fidèles sont absents de cet ouvrage, qui s’avère essentiellement une trame événementielle rythmée par les divers règnes.) ...
La Mémoire des villes
(2003)
Rapport de la conférence sur le Colloque International du Centre d'Etudes Comparatistes de l'Université Jean Monnet 2-4 mai 2002 à Saint-Etienne
Du 2 au 4 mai 2002, un colloque international s'est déroulé en France, à Saint-Etienne, organisé par le Centre d'Etudes Comparatistes de l'Université Jean Monnet. Au cours de ce colloque dont le thème central était 'La mémoire des villes', les divers intervenants ont tenté de cerner les problèmes liés a l'inscription de l'histoire dans respace urbain, et ce du romantisme à nos jours.
Mythes et identités antillaises : l'auto-exotisme dans l'écriture martiniquaise et guadeloupéenne
(2003)
Ouvrages représentatifs de deux types d'écriture de l'exotisme, l'un né en Guadeloupe, l'autre en Martinique, 'La colonie du nouveau monde' (1993) de Maryse Condé et 'Texaco' (1992) de Patrick Chamoiseau illustrent un rapport divergent à la fois à l'Autre (la métropole) et à soi-même (la culture antillaise). Ainsi, l'interrogation de la notion d'identité caractéristique de l'écriture torturée de bon nombre d'écrivains guadeloupéens tels Maryse Condé, Gisèle Pineau et Daniel Maximin fait pendant à la certitude affichée des défenseurs d'une identité créole martiniquaise dont Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant et Edouard Glissant. Afin de comprendre l'ambiguïté culturelle des départements d'outre-mer antillais, ceux-là introduisent le thème de la folie dans le développement de leurs personnages-individus, tandis que ceux-ci affirment des archétypes à travers la recreation du mythe fondateur.