Philosophie
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Cet article cherche à rapprocher les pensées de Louis Althusser et de Theodor W. Adorno autour de trois grandes questions : le primat de la théorie, la théorie de la société et de l’histoire, et la critique du sujet. Dans chaque cas, il s’agit de mettre en évidence les points communs entre les deux penseurs tout en soulignant leur désaccord fondamental en ce qui concerne la manière dont chacun se rapporte à la philosophie de Hegel. Là où Althusser vise à repenser le marxisme sur des bases non hégéliennes, Adorno veut au contraire revenir à Hegel pour ressourcer le marxisme en temps de crise.
La musique et le rêve
(2010)
Adorno, in his posthumous work Beethoven. Philosophy of music, grasps the deep relationship between music and dream: “we are in music, as well as we are in dream”. Music is the coming of a non-intentional truth, that is never caught by images and words. In the same way, dream follows the logic of a non-giudicatory synthesis and is incompatible with the category of dialectical totality: in dream, truth announces her-self as it fades out. According to Adorno, the dimension of opening typical to dream and music collides with the pretension of philosophical discourse that aims at the total revelation.
Le cadre du programme interdisciplinaire de recherche défini par Max Horkheimer dans les années 1930 doit beaucoup à Erich Fromm, qui a introduit la psychologie sociale dans la Théorie critique de la société. Or, une décennie plus tard, Fromm est la cible privilégiée des attaques et sa théorie apparaît désormais comme incompatible avec les positions défendues par Horkheimer et Adorno. Partant de ces tensions qui ont marqué l’histoire de l’École de Francfort, le présent article vise à éclaircir le déplacement qu’elles traduisent sur le plan épistémologique. Si Horkheimer et Fromm partagent des prémisses communes, le premier, dans son travail avec Adorno, se rapproche de manière croissante de la doctrine freudienne alors que le second s’en éloigne. Nous voudrions montrer que l’accord entre Fromm et Horkheimer fut surtout négatif puisqu’il portait sur la critique de Freud : les divergences entre les deux penseurs apparaissent clairement, dès lors qu’on pose en profondeur la question de l’usage de la psychanalyse pour analyser l’un des problèmes centraux de la théorie de la société, l’antagonisme entre individu et société.
L’école de Frankfort abandonne progressivement les thèses de la philosophie de l’Histoire, dont l’acceptation fournissait une espèce de fondement pour la théorie critique, dans la mesure où l’on pouvait croire aux contenus émancipateurs de la raison inclus au sein même des idées de la société bourgeoise. Nous essayerons de montrer cequi est oublié dans les thèses de la philosophie de l’Histoire à partir de la dialectique du maître et de l’esclave de Hegel, et donc, pourquoi de telles thèses se sont montrées insuffisantes. Enfin, nous chercherons à démontrer que la figure théorique opposée aux thèses de la philosophie de l’Histoire se retrouve dans Über den Begriff der Geschichte de Benjamin. De plus, la récupération d’un tel fondement oublié dans les thèses de la philosophie de l’Histoire détermine, vraisemblablement, la considération morale de la théorie critique habermasienne.
Le xviiie est le siècle de la révolution constitutionnelle moderne. Les droits de l’homme et du citoyen y furent proclamés, et le droit ancré dans la démocratie. Les choses ont commencé dans quelques États d’Amérique, leur unification a suivi, mais l’événement à proprement parler dramatique, qui allait faire de la révolution constitutionnelle un événement irréversible, fut la Révolution française de 1789. Revendiquer des constitutions fut l’élément dominant du xixe siècle, tenir la promesse de réaliser les droits de l’homme et la démocratie celui du xxe siècle. L’arc se tend sans peine de 1789 à 1989, et même après, il n’y a pas d’issue visible, pas d’alternative en vue. Même le vent froid de la globalisation n’a pas fait pâlir les espoirs utopiques orientés vers la démocratie et les droits de l’homme. ...